Frisettes MamanAndCo

lundi 22 novembre 2010

Je déteste

les mots plein de condescendance à mon égard, les mots d'encouragement qui nous sont adressés dans la plus simple banalité. "T'inquiètes, vous allez l'avoir votre bébé. Y a pas de raison, et puis tu es forte". Mais finalement, qu'est ce que vous en savez, vous? Vous qui ne connaissez rien au monde de l'adoption, vous qui ne prenez même pas la peine de retenir un dixième de l'information éducative que nous tentons de faire, en vain.

Et puis, qu'est ce que vous en savez que je suis forte. Juste par ce que je suis capable de sourire et de répondre ça va quand on me le demande. Mais tout le monde est capable de le faire, nous devrions même être diplômés pour ce talent. Je dis toujours que lorsque nous nous lançons dans l'adoption, nous devenons un peu acteur, mais c'est tellement vrai.

Quand à l'attente, aujourd'hui que l'on ne me parle pas de l'attente. Qu'est ce qu'elles en savent ces mamans du ventre de l'attente. Bien sûr, on peut nous parler examens, peurs et angoisses; et nous pouvons comprendre. Et nous, vous pensez vraiment que parce que nous n'avons pas à nous guetter les seins ou nous centrer sur notre ventre, nous n'avons pas de peur ou d'angoisse? Vous avez déjà essayé de guetter, de flairer, d'écouter le vide? Bah je vous assure que c'est loin d'être une chose facile à mettre en application. Et pourtant, c'est ce que nous faisons, tous les jours.

Nous attendons, fébrilement, le moindre sursaut. Tout en sachant, au fond de nous, que nous ne sommes qu'au début du parcours. Un peu difficile à avaler lorsque l'on sait que l'on a dit adieu à Dame Contraception il y a maintenant 39 mois. Notre ventre est vide mais nous sommes habités, habités par cet enfant dont nous ne connaissons rien: ni les traits, ni le sexe, ni l'âge. Rien. Et nous devons nous lever avec, manger avec, dormir avec. Une cohabitation forcée qui appartient à notre quotidien, pour combien de temps encore. Nul ne le sait, alors ne tentez pas de me dire que nous sommes sûrs d'aller au bout. Ça, je le sais, et j'en suis même convaincue.

Toute la nuit, j'ai porté ces mots en moi. Je vous les livre parce qu'il fallait qu'ils sortent, tels quels, sans froufrou. Mais ne vous inquiétez pas, je vais bien. Merci.

15 commentaires:

  1. que de paroles sages, si justes, qui viennent du coeur et quin malheureusement, montrent ta souffrance... celles que nous ressentons toutes et tous ici.

    tu sais que si tu as besoin de parler, nous sommes toutes à ta disposition, quoi que tu aies envie de dire, en positif ou en négatif, ne l'oublie pas.

    je te fais de gros gros gros bisous.

    RépondreSupprimer
  2. Malheureusement, bien souvent je constate qu'il faut le vivre pour le comprendre, qu'il n'y a comme ça qu'un coeur en attente peut se sentir au diapason et compris. Mais quelle solitude dans l'attente. xxxx

    RépondreSupprimer
  3. Du coté de l'entourage éloigné, j'ai choisi l'option, j'en dis le moins possible, ça évite qu'on m'en parle sans savoir de quoi on parle!
    Par exemple au bureau, ils savent juste que j'attends mon petit bout du Vietnam et que ça va être long, très long...

    Pour l'entourage proche, c'est l'inverse mais au fil des années, on a fait du ménage!!!

    L'important, c'est de se protéger et de s'entourer des personnes qui nous font du bien et qui nous comprennent ;-)

    Parce qu'en effet, nos angoisses sont difficiles à expliquer quand on n'est pas passé par là...

    Protège toi de tous les pollueurs!!!
    Gros bisous

    RépondreSupprimer
  4. Haaaa, ce sentiment étrange de partager des choses si bien connues avec des "inconnues" quand nos amis, nos familles semblent chaque jour s'éloigner un peu plus de nous...
    Comme d'autres, j'ai aussi choisi de ne plus essayer de faire comprendre le jour où je me suis entendue dire qu'"après tout, toutes les mamans devaient attendre pour avoir un bébé, comment on pouvait de mettre dans un tel état pour quelque chose qui n'existait même pas" Grrrrrrr !!
    Quand je dis maintenant que nous attendons notre deuxième enfant, les regards virent inévitablement plus au Nord, vers mon ventre. Je n'explique plus non plus, mais qu'il est lourd, ce regard-là...
    Cette attente qui se vit dans nos coeur est invisible pour les autres, pour ceux qui ne vivent pas cela c'est impossible à comprendre... Pourtant, nous portons bien nos enfants, ils sont là, bien au chaud blottis dans nos coeurs. Et quand pour eux, nos enfants n'existent pas puisqu'ils ne sont pas physiquement là... pour nous, dés le 1er jour, ils auront été nos enfants... et qu'il est étrange et beau d'aimer si fort quelqu'un que l'on ne connait pas encore.

    RépondreSupprimer
  5. Tu as raison, les autres n'en savent rien de ce que c'est d'attendre comme ça... Et non ils n'ont pas envie de retenir ce qu'on leur dit, c'est peut-être cela le pire...
    Mais quand il est là, on oublie cette souffrance, et on sait enfin le prix de notre bonheur! Bisous!!!!

    RépondreSupprimer
  6. Belli ma belle je rentre d' Amsterdam est j ai vu que tu m avais telephonne merci pour cette appel ... Ton post est pleins d' honnête et cela fait du bien ... Fait le tri nous l avons fait .... Bisous on se tel dans la semaine

    RépondreSupprimer
  7. En plus de la carte de con on devrait aussi décerner celle de l'indélicatesse!!
    Et malheureusement il s'agit souvent des gens les plus proche que l'on entend de telles bêtises.

    On a la maldattendre et c'est pas tous les jours faciles.

    Quant-au jeu d'acteur que notre parcours nous impose, il s'améliore au nombre de cons et d'indéliquats croisés, de questions tordues de psys.
    Ah nous le prochain césar!!

    Heureusement il y a toutes ces rencontres et les échanges avec les autres adoptants!!
    Surtout accompagné d'un bon repas :)

    RépondreSupprimer
  8. bonsoir
    nous comprenons ton sentiment puisque nous sommes dans la même situation que vous.Nous avons été accepté par mdm en janvier 2010 pour le Vietnam .nous entendons les mêmes phrases que toi , dans le désordre: vous avez des nouvelle? il y a tant d'enfant malheureux!, vous êtes courageux! qu'est ce que c'est long, il y a encore pleins d'autres on pourrait faire un livre.Courage notre tour viendra. Sophie et fred

    RépondreSupprimer
  9. Un jour où je consolais une collègue en pleurs parce qu'elle venait d'avoir ses règles en C1 et qui disait qu'elle avait forcément un problème et à qui j'avais répondu qu'un mois, c'était vraiment rien du tout (nous avions l'agrément depuis peu et elle était au courant de notre parcours), elle m'avait répondu "Oui mais toi tu es patiente!" (!!!!)
    On n'est pas patientes, on l'est par la force des choses, pour ne pas perdre la face et que ce ne soit pas l'attente qui nous bouffe et prenne les rênes de notre vie.

    Quant à ceux qui comparent l'angoisse qu'on ressent post attribution (alors qu'on sait que son enfant est loin de soi, qu'on ne peut rien pour le protéger) à l'angoisse de la FC que ressent la femme enceinte en début de grossesse, je me dis là aussi qu'elles n'ont rien compris! Dans un cas, il s'agit d'un petit être déjà au monde mais absent, dans l'autre, il s'agit d'un être en devenir mais présent. Je ne dis pas qu'une FC n'est pas une étape difficile dans la vie d'une femme, entendons-nous, mais comparons ce qui est comparable!

    Donc, non, personne, même les gens les plus prévenants, ne peuvent réellement comprendre notre parcours.

    RépondreSupprimer
  10. Le "C'est courageux" j'y ai eu droit la semaine dernière, j'ai essayé d'expliquer que je n'ai pas le choix, mais je ne sais pas si le message a été compris.

    RépondreSupprimer
  11. Coucou,
    Tu as bien raison de lacher ses quelques mots sur ton blog, ça défoule. Je l'ai fait aussi parfois. C'est vrai que cette attente est inhumaine est pourtant...elle est indispensable! Courage, on est tous avec toi. Je trouve que notre petit groupe est vraiment une bouffée d'oxygène dans ces moments difficiles. Si tu as besoin, n'hésite pas... Je suis là pour toi.
    Amitiés Mélinda

    RépondreSupprimer
  12. Tu en avais des choses sur le cœur dit donc.
    Tes sentiments sont tellement vrais et compréhensibles.
    Pas mal de monde ce reconnaitrons dans tes paroles...comment ne pas l'être ?
    Un bon coup de gueule de temps en temps fait un bien fou n'est ce pas ?

    Pense bien à vous

    RépondreSupprimer
  13. C'est sur que les "gens" ne comprennent pas notre demarche, notre etat, nos etats d'ame.
    C'est frustrant, ca te rend en colere.
    Certains ne font aucun effort, et sont tres maladroits. J'espere que ce n'est pas de la mechancete.
    Il faut sans cesse expliquer, ou pas, ca depend des gens qui sont en face.
    Le prendre avec humour et legerete, il faudrait essayer, mais c'est tellement difficile.
    En tout cas, ca permet de faire le "tri" entre les connaissances que nous avons : ceux qui essayent de comprendre et les autres.

    Courage dans cette attente, ou les joies, les doutes, les coleres, les espoirs sont intimement entremeles.
    Pour me rassurer, je me dis que chaque jour qui passe est un jour qui nous rapproche un peu plus de serrer son enfant dans les bras. C'est pas tous les jours evident d'y croire, mais il le faut.

    Orabelle, en attente du feu vert pour le Vietnam, et l'agrement depuis 8 ans (et tout son lot de reflexions....)

    RépondreSupprimer
  14. ton texte et beau et poignant !
    tu as raison de te lacher, pas facile tous les jours nos chemins vers nos enfants

    gros bisous
    patricia

    RépondreSupprimer
  15. Comme ça fait du bien de ne pas se sentir seule... Si tu savais comme je suis d'accord avec absolument tout ce que tu as écrit. Hier encore, je disais à mon mari, alors que nous allions souper avec la famille, qu'il ne me manquait que le costume pour que je sois vraiment dans une pièce de théâtre...
    Tu n'es pas seule.
    sabotdelavierge.canalblog.com

    RépondreSupprimer