face au désir de maternité.
Ces dernières années, j'ai essentiellement cheminé aux côtés de femmes qui devenaient Mamans grâce à l'adoption. Peut-être une sélection naturelle dans mes contacts. Ou une envie de parler la langue de l'attente avec des personnes qui étaient en mesure de me comprendre, histoire de ne pas prendre trop de risque. La seule qui fait exception à cette règle est mon amie Emilie: nous nous connaissons maintenant depuis plus d'une quinzaine d'années -au temps où nous étions encore étudiantes- et l'Ethiopie lui a fait cadeau de 2 beaux enfants. A l'époque, nous nous dirigions déjà sans le savoir sur le même chemin: une coïncidence inouïe, un lien unique.
Aujourd'hui, à l'heure du déjeuner, nous avons donc évoqué la maternité. Nous étions 5 trentenaires autour de cette table. Nous avions chacune une envie différente, ce qui a permis une conversation riche et animée entre filles pleines de convictions. Le panel était donc le suivant:
- une Maman d'une petite de 4 ans. En couple avec son amoureux depuis leurs 18 ans, elle a quelque peu refréné son envie d'être une jeune Maman sensibilisée par les problèmes d'infertilité d'une Tata de 15 ans son aînée. Dès que la grossesse de la Tata fût enclenchée, ils sont enfin passés de l'attentisme à la réalisation de leur projet. Sans culpabilité. Et il est touchant de l'entendre parler de l'Amour pour cet enfant, Amour dont elle ignorait totalement l'existence avant sa naissance.
- une célibataire ayant toujours tenté de réussir ses relations amoureuses avant d'envisager avoir un enfant. Sauf qu'aujourd'hui, elle est seule, elle a 38 ans et se dit qu'il va falloir commencer à envisager les choses autrement. Elle a conscience que la procréation à l'étranger risque d'être un parcours difficile, elle n'est pas encore prête à se lancer mais exprime clairement son envie de materner et de transmettre malgré le poids des responsabilités d'une Maman célibataire.
- une jeune Maman, maman de 2 grands enfants. En couple depuis ses 19 ans, elle nous parle de son bonheur d'être mère et de sa douleur d'avoir dû interrompre une grossesse parce que son époux ne voulait pas d'un 3ème enfant. Les liens avec sa sœur sont tellement forts qu'elle nous avoue qu'elle serait capable de lui faire don de ses ovocytes pour qu'elle connaisse le bonheur de devenir Maman à son tour. Un geste touchant et rempli d'amour comme nous en voyons peu de nos jours.
- une jeune femme en couple, ayant joué le rôle de Belle-Maman pendant 7 années avec un compagnon précédent. Sans pour autant avoir à ce jour l'envie viscérale de devenir Mère à son tour. Elle évoque le fait qu'elle ne souhaite pas devenir Mère pour répondre à un besoin physiologique, et non pour une envie profonde et réfléchie. Elle ne veut pas faire prendre de risque à un enfant n'estimant pas son désir assez puissant, ne le désirant pas autant que son compagnon à ce jour.
- et moi. Mariée depuis plus de 6 ans, en couple depuis plus de 11 ans. Sans enfant. Et en attente. J'avoue. Je suis certainement celle qui s'est le moins dévoilée au cours de cet échange puisqu’à aucun moment, je n'ai parlé de notre BabyChou et de notre projet d'adoption. Par pudeur? Pour éviter les questions? Je ne saurais vous dire. Peut-être avais-je juste envie d'écouter pour une fois, et non de m'exposer, d'expliquer, d'argumenter.
Non, décidément, nous ne sommes pas toutes égales face au désir de maternité. Et si je ne devais retenir qu'une seule chose de cet échange, c'est que nous devons bien nous garder d'émettre des jugements hâtifs sur les unes ou les autres. Chaque parcours a son lot de secrets voire de blessures dont nous n'avons pas nécessairement connaissance. Mais quel plaisir de vous pouvoir échanger des points de vue en toute sérénité. Cela m'a fait un bien fou et je les en remercie.
Et vous? Désir viscéral depuis toute petite ou bien lié à la rencontre avec vos z'amoureux?